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Tarot en 22 triomphes – exposition du 3 au 30 novembre 2012

Une exposition de travaux modernes, d’une poignée d’objets et de cartes, autour du tarot se tient du 3 au 30 novembre à la galerie de la librairie Mona Lisait, 211, rue du Faubourg Saint-Antoine, Paris XI (au premier étage).
C’est votre serviteur qui expose les créations et les coulisse liées à Triomphes de Paris – TarotParis.com. On peut y voir des tirages originaux, ceux des « triomphes de Paris » mais aussi d’autres gravures visibles pour la première fois, des tirages surdimensionnés de dessins réalisés pour les « triomphes MMXII », des planches informatives, des jeux de cartes…

Le vernissage se tiendra en décalé demain, vendredi 9 novembre 2012, de 18h à 21h.

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Exhibition « Tarot en 22 triomphes »

TAROT EN 22 TRIOMPHESFrom 3rd of november to december 30th 2012, exhibition around the Triomphes de Paris, Triomphes MMXII and engravings by Bertrand Saint-Guillain.

Cartes, gravures et dessins en forme de ludibrium autour des tarots anciens, des maîtres cartiers et de la cartomancie.

Opening friday 9th november 2012.

MONA LISAIT, BOOKS FACTORY. GALERIE
211, RUE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE, 75011 PARIS.
T 01 40 24 27 39. METRO FAIDHERBE-CHALIGNY
MONDAY TO SATURDAY from 10AM to 7H30PM
SUNDAY fro 10PM to 7PM

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Tarot : le dessous des cartes

Un documentaire sur le tarot sur une chaîne nationale ?
Oui c’est arrivé  mercredi 13 juin sur France 3 Île-de-France (d’accord pour être exact c’est une chaîne régionale).
On a le plaisir d’y voir beaucoup trop vite l’excellent Thierry Depaulis (à 4 minutes 15 environ) apporter une (trop légère) touche de bon sens. On aurait aimé y voir beaucoup plus Thierry Depaulis (qui y est tout de même assez présent) et moins de « people » (présentés en tant que témoins-clients) – un peu moins aussi les « hypothèses » fumeuses sur l’origine des Tarots ou alors avec un peu plus de bémols.
Un documentaire vraiment pas si mal réalisé qui a le mérite d’exister et de présenter essentiellement un certain aspect sociologique des pratiques de cartomancie aujourd’hui avec des points de vues variés – même si les classiques écueils communs n’ont pas été évités (ou ne sont pas systématiquement nuancés) et que les tarots historiques y sont un peu éludés au profit de créations plus récentes (notamment les illustrations des plans de coupes), le bilan est extrêmement positif.
Plusieurs professionnels de la cartomancie s’y expriment avec moins de forfanterie et plus de pudeur que les clichés habituels sur les devineresses et devins habituellement mis en scène à la télévision.
Cinquante-deux minutes sur le tarot, c’est tout de même assez rare pour mériter le coup d’œil !

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Tarology : les po(i)ëtiques du Tarot avec Enrique Enriquez

Un documentaire à ne rater sous aucun prétexte sur le Tarot à travers le regard et les mots d’Enrique Enriquez : Tarology, réalisé par Chris DeLeo et Kimberley NaughTon.

Même sans être initié à la langue de Shakespeare on pourra comprendre l’intérêt de la transmission d’E.E. à travers cette bande annonce tout à fait réussie. Le DVD est proposé à l’achat immédiat pour une cinquantaine de dollars américains, il sera disponible dès le 1er juin mais les acheteurs qui l’auront précommandé n’auront pas de frais de port à payer.

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Seigneur des Accords et langue des oiseaux

The following post is an awkward attempt at translating in english. I hereby apologize in advance to my former english teachers, may they forgive me this outrageous display of my negligence in class… It probably won’t make a lot of sense, and may well induce a gag reflex to the english reader. Sincere apologies to you dear reader.

Etienne Tabourot (1547-1590) also known as “Seigneur des Accords” (Lord of the Agreements), predates by four centuries Grasset d’Orcet (whose works influenced a lot the post-Fulcanelli wave of alchemophyles, and by that way a lot of esoterist Tarotologues), was undoubtedly a pioneer in what Grasset will name centuries later « la langue des oiseaux » – the language of the birds. Wild etymology or highly significant paronomasia ?

Seeing his canting arms, one won’t wonder that Tabourot developped at a deep level in his « Bigarrures et touches avec les apophtegmes du sieur Gaulard » (“Variagations and Touches with the Adages of Mr Gaulard“) how to decypher and build Rébus de Picardie, Equivoques François and other Antistrophes ou Contrepeteries, Anagrammes, Vers Léonins, etc… (“rebus from Picardy, French equivocals and other antistrophes or puns, anagrams, leonine verses, etc…“) (thanks to Sophie Nusslé for the title and subtitles translations)

What links Tabourot to our Tarots may well no be obvious at first sight, despite the widespread use of play on words in “tarot interpretations”. Before pointing it out, I’d like to talk a bit about a few aspects of Tabourot’s work which may feed Tarots lover’s curiosity.

We can’t but notice that several references pointed by Tabourot are also used and cited by Tarot historians, although their fame was then so immense that they would be cited as reference even in a cookbook – they are Clément Marot, Merlin Coccaï, François Rabelais or Pietro Aretino.

After giving hommage to the mythical or potential letters inventors (namely Memnon, Mercurus/Hermes, Thetas, the Phenicians, the Ethiopians, the Assyrians, etc…), Tabourot analyzes hyeroglyphic qualities of our alphabet, for instance :

« Q, pour ce qu’il ressemble au cul, duquel sort de l’ordure. »

(The letter Q is in French homophonic to “ass” – anatomical bottom, not the equine – so Tabourot describes it : “Q in that it ressembles an ass from which the waste gets out”).

Then comes the first chapter about the Rébus de Picardie. It is a first occurence of the Tarots in the book, here spelled TARAUT. At the verso of folio 5 from the 1595 edition (à Paris, par Claude Montr’œil et Jean Richer) is described but alas not illustrated the following rebus :

Un amant, dit-il, la maistresse duquel avoit nom Caterina, exprimoit ainsi son nom, pour le porter toujours sur luy: c’estoit qu’au milieu de sa chesne ou Catena, il y avoit un roy de deniers, tel qu’on les peint aux cartes de Taraut, que l’on appelle ry en langue Boulonnoise: voulant dire en outre que sa Caterina valoit tous les deniers du monde. L’invention grasse de ce messer consistoit en ce qu’il n’appelloit l’un des costez de sa chesne que Cate, et l’autre faisoit na, qui est la dernière syllabe de Catena: au milieu de laquelleestoit ce ry ou roy en françois.

Awkward translation :
A lover, whose beloved woman name was Caterine, expressed her name to carry it over him in this manner : in the middle of his chain necklace (Catena) was a King of Deniers as it is painted in Tarot cards, which is called “ry” in the Boulonnoise language, meaning moreover that his Caterina was worth all the Deniers in the world. This gentleman’s bold invention consisted in that he called one side of his chain necklace Cate and the other na, and in between this “ry”, all of which made Cate-ry-na.

roi de Deniers du Tarot de Vieville

Follow more rebus examples with less cards but more pictures, among which I’ll point out the two pictures below :

First one on the left reads “a kneeling (à genou) madman (Fol) with a trump (trompe) in his mouth, means FOL A GENOU (kneeling madman) TROMPE (trump) ( = fol âge nous trompe = foolish age betrays us)”, second one on the right reads “a world in that kind filled with S made of bones and souci (pot marigold or calendula but also the word for worries) means “the world full or sadness (tristes S = sad S, and tristesse=sadness) and worries (soucis)”.

Then come the Letters and musical notes rebus, and also the less common rebus based on dice, which I note because we find dice in some Bateleur cards :

Tabourot explains that “deux cinq signifient quine (Two five means Quine)” so we read “trois co quines (coquine : hussy, three hussies)”.

Then we’ll jump to chapter VI, Des autres équivoques par amphibologies, vulgairement appelez Des Entends trois. Those « double entendre » play on words are based on ambiguities and multiple interpretations (f.41r).
In the folio number 51 a second form of Tarot is found, TAROT, without the final s this time and preceded by a grammatical singular article.

Je cognois une femme de bona voglia, qui jouoit fort volontiers à toutes fortes de jeux, nommément au Tarot. Advenue la mort de son mary, l’on disoit qu’elle ne joueroit plus au Tarot, pource qu’elle avoit perdu son excuse, toutes fois elle n’a pas laissé d’y jouer depuis.

“I knew a woman of good will, who enjoyed playing many games, among wich the Tarot. When her husband died, they said she wouldn’t play Tarot anymore, for she had lost her “excuse” (reference to the game), although she didn’t stop playing since then”

Le Fol du tarot de Jean-Pierre Payen, coll. Cary
the Mat or Fol was used in the game to “excuse”, ie to keep that card, as can be read in the 1637 rule.

Finally to speak about what was promised in the beginning, let’s get back to the chapter titled “Equivoques François”. Play-on-words, holorimes, this is what makes those “équivoques”.
We find the Tarots again.
At folio 29 the word is written TAROTS , a grammatical plural this time :

Or, descendons un peu sur les femmes : J’ay veu une certaine jouant aux tarots, laquelle comme ce vint à son tour d’avoir la main, escarta le roy de baston. Et voyant qu’il tardoit trop à venir, asseurée selon la disposition du jeu et nombre de ses triomphes, qu’il ne luy pouvoit eschapper, dit à l’un de ceux qui joûoient avec elle: Monsieur, il faut que j’aye vostre roi de baston. A quoy celuy qui l’avoit fit response : Vrayement, il est à votre commandement, quand il vous plaira, mon roide baston. N’estoit-ce pas présenter son service à propos?

(under 21 please stop reading right now) “Let’s speak a bit about women : I saw one playing tarots, who put aside the King of Batons (roy de baston). Seeing that he was late to appear, and certain that by the trumps she held she would win it, she said to one of her fellow : “Sir, I must have your Roi de Baston”. To what the man replied : “Really, it’ll be at your command when it’ll please you, my stiff stick (roide baston).”

ROY.DE.BASTONS. du Tarot de Jean Dodal

Reading Tabourot shows how those consonantic games predate a lot the 19th century – but mostly Tabourot has the merit of reminding us what this is about : a game, an actualisation of the words, and nothing about a secret etymology nor a reserved to initiates hidden cypher ; it’s all about funny paranomasi which made the happiness of pataphysicians and humorists (poil au dentiste).

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Ghost images : the kiss of the cards

The Pierre Madénié tarot deck (recently published by Yves Reynaud and available through his website Tarot de Marseille Héritage) presents a peculiar caracteristic that can be found on several blockprinted decks : “ghost” images from certain cards lines appearing reversed on other cards.

They can be seen for instance on the Popess (III) and the Knight of Deniers :


The Popess is on the left, on the right the reflected lines can be seen quite clearly, the horse can be seen on the popess, those who own the deck can check it)

In a similar way, only more obvious, the Queen of Batons and the Bateleur (I).

The two pictures above show the Fool and the Lover (VI) : between his body and his arm, the Fool hosts the rightmost character from the Lover card, while behing his head can be seen the rays from the Lover little cupid.

Certain cards even reflect themselves : so is with the Knight of Bâtons, the Emperor (IV) and (not illustrated here) the Knight of Swords.(note that the contrasts have been enhanced to make the lines more obvious, so they don’t do justice to the reproduction quality).
By watching closely the deck, many other examples can be discovered, sometimes with slight shifts, where two cards and the gap between them appear on another one.

But how did those line arrived there ? Why only the lines and not the colours ?
This is logically explainable by the 17th century cardmakers methodology.

What are the valid hypothesis ? Were already printed sheets of paper recycled on the other side ?
We can safely infirm this hypothesis : the papers qualities and the conservation of said qualities were one of the cardmakers main concerns ; they would not have reused an used sheet for printing the faces, mostly because the process of printing the sheets would have modified the paper and made it unusable for a second run, and because you don’t print on any side of a sheet. Moreover it is doubltful that the paper would have been transparent enough to permit such a detailled image.

In fact the lines appear because of a know phenomenon which has been document by Duhamel du Monceau : in french in the cardmaker slang, “les cartes ont baisé”, which can be translated to “the cards kissed” (altough the word baiser may also be understand in a less courtoise manner).


I could experience this technical problem when making my Triomphes de Paris, but without some of the 17th century cardmakers constraints I took the liberty to insert a blank protection sheet between two faces, this illustrates quite clearly the “baise” :

In the exemple above, we can notice that an overglued area (the glue is behind but nonetheless its moisture affects the other side of the sheet) leaves a clearly more accentuated reversed print.

In this second example, the counter-print is more homogenous and less marked.

The “kissing” (to keep a less orgiac translation) of the cards happens just after glueing the cards when they are put under the press. The “dressing” (habillage – appying the colours with stencils) is made on the glued cards, that’s why the mirror images are not coloured.
The preparation of the sheets is well described by Duhamel du Monceau, organizing the sheets in a certain order improves the execution, and having a face facing another face while a back faces a back enables to keep the back clean.

Duhamel du Monceau explains the counter printing or “baiser” to an over inking of the molds, but another parameters comes in account : the moisture from the glue. When glueing of the paper happens, the ink on the printed sheets has dried without this “kiss”, but the moisture that comes with the glue “awake” the ink which then is partially printed on the facing sheet.

Why didn’t the cardmaker place another sheet of paper between two faces ? This is a thought that comes to mind with a modern vision of the production ; but paper was expensive, adding sheets to a stack would have added an important weight (which makes a difference when you have to handle thousands of sheets in a day), slowed down the operations, plus a cheap paper would present many faulty qualities, such as mineral matter and irregularities which would have affected the cards, etc… that’s why it must have been cheaper and more productive to take care to the inking and glueing, the “baisées” cards being acceptable (as we can see they were painted anyway).

What do we learn from those marks in the end ? Not much since “l’Art du Cartier” by Duhamel du Monceau explains this printing artifact which is confirmed by the experiment. It can nonetheless be noted that those marks give a few indications about the molds composition : for instance it appears that the Emperor and Knight of Bâtons and Epees from this deck were rather centered on their respective rows, since they face their own once the sheets were stacked.
Some shifts also indicates the pile of papers were not strictly aligned (but quite precisely nonetheless).

We can nowadays be very grateful to Monsieur Duhamel du Monceau for his precise description of the cardmakers work in the late 17th century (NB : although his book was published in the 18th century, Thierry Depaulis note that it describes more the late 17th methodologies) and for the transmission of their poetic and peculiar jargon : in the intimacy of the press, stuck to each other in the moisture from the glue, the cards baisent, just before being habillées (dressed up) ! Maybe “baise” should be translated by a less gentle word.

Edit : to be honest and less kinky, as I posted in the comments below, the term most probably refers to lipstick traces from a kiss rather than more intimate activities, although the double-entendre cannot be completely discarded.

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Pour amateurs d’estampes

En attendant de plus amples mises à jour de ce blog, voici un lien proprement ravissant.
Le service de l’estampe ancienne de la Bibliothèque nationale de France propose un superbe blog : Ad Vivum.
La présentation du site démarre par une citation qui sera certainement évocatrice pour les amateurs de tarots, tant par son contenu que par son auteur :

Et certes si plusieurs personnes de qualité, qui ont de l’esprit, aussi bien que des richesses, sçavoient le plaisir que donnent les belles Estampes, lesquelles contiennent presque tout ce qu’il y a de plus considerable dans les ouvrages exquis des plus grands Peintres & Sculpteurs qui ont vescu en divers siecles, il est certain qu’il ne s’en trouveroit pas assez pour contenter leur curiosité.

Michel de Marolles
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De Ferrare à Florence, de 1442 à 1440

Ross Caldwell a partagé sur le forum anglophone tarothistory une découverte récente de Thierry Depaulis, qui repousse de deux ans dans le passé la première référence aux « cartes à triomphes » et fait pencher les indices de la localisation de leur origine vers Florence.

Thierry Depaulis a découvert une nouvelle référence au Tarot localisée à Florence en 1440, deux ans plus tôt que la précédente plus ancienne référence connue, de Ferrare en 1442.

La source en est le journal du notaire d’Anghiari Giusto Giusti (qui fut chancelier du vicaire florentin Giovanni di Pagolo Morelli http://www.treccani.it/enciclopedia/giusto-giusti_(Dizionario-Biografico)/) – le journal couvre les années 1437 à 1482, il a été récemment édité pour la première fois par Nerida Newbigin (http://sydney.edu.au/arts/italian/staff/nerida_newbigin.shtml), professeur emeritus de langue et littérature italienne de l’université de Sidney. 

A l’entrée du 16 Septembre 1440 du journal, on peut lire (p. 66):

Venerdì a dì 16 settembre donai al magnifico signore messer Gismondo un paio di naibi a trionfi, che io avevo fatto fare a posta a Fiorenza con l’armi sua, belli, che mi costaro ducati quattro e mezzo.

Vendredi 16 septembre, j’ai donné au magnifique seigneur monsieur Gismondi un paquet de cartes à triomphes, que j’avais fait faire expressément à Florence à ses armoiries, très belles, qui m’ont coûté quatre ducats et demi.

« Gismondo » désigne Sigismondo Malatesta.

Parmi les autres détails notable, on peut relever le lieu de fabrication des cartes, Florence, ainsi que le terme unique de « naibi a trionfi », ainsi que le prix de quatre ducats et demi.

Il y a 138 ans que Giuseppe Campori a publié la plus ancienne référence à des cartes de Tarot – « carte da trionfi » – dans les livres de comptes de la famille d’Este qui gouvernait Ferrare – et depuis 1874, les recherches, accidentelles ou volontaires, ont trouvé de nombreuse références aux cartes et au jeu de Triomphes, toutes postérieures à ce document (qui était jusque là le plus ancien) daté du 10 février 1442. Le portrait du développement du jeu de Tarot au XVe siècle et aux siècles suivant a été largement rempli – encore plus, sans doute que pour aucun autre jeu du XVe siècle – mais avec cette nouvelle découverte une petite lumière commence à être apporté sur des temps plus anciens. (traduit de http://forum.tarothistory.com/viewtopic.php?f=11&t=773&p=11091#p11085 )

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Un cartier à Marseille en 1971 – Camoin ou la fin de la tradition à Marseille

cartes à enseignes espagnoles A.Camoin & Cie.
probablement années 1950
coll.personnelle

On peut trouver sur le site de l’INA un sujet télévisé consacré à la carterie “Camoin & Cie.” du 11 juin 1971, quelques temps avant sa fermeture définitive dans les années 1970.

On est indéniablement très loin du travail des cartiers de la fin du XVIIIe siècle, seules les opérations de tri des cartes sont encore manuelles. Le reportage se focalise sur les Tarots, cependant on y voit également des cartes à enseignes espagnoles ou celles destinées au marché asiatique. Conclusion du reporter : cette tradition de cartiers a fait de Marseille la capitale… “de la belote” !
Si, comme le reportage l’indique, l’activité de la carterie peut remonter à 1760, on parle alors de celle de Conver puis Levenq de Conver & cie, à laquelle Jean-Baptiste Camoin (1819-1886) fut associé par son mariage en 1863 à Marie Magdeleine Martin, elle même associée de ladite fabrique.
Thierry Depaulis décrit dans “Cartes à jouer et Tarots de Marseille” comment Jean-Baptiste Camoin pris la main sur l’entreprise de carterie, avant de devenir le seul cartier marseillais, en écrasant ou achetant sa concurrence grâce à l’industrialisation de la fabrication des cartes. TD indique également

“avant l’arrivée de Camoin dans l’entreprise, tout se faisait à bras, l’impression, le lissage, le découpage, la mise en couleur”

Le nom de Camoin marque donc l’arrêt définitif de la fabrication des cartes à jouer dans la tradition des maîtres cartiers à Marseille.

VERSION ANGLAISE CI-DESSOUS / ENGLISH TRANSLATION BELOW

On the INA (Institut National de l’Audiovisuel)’s website, can be found a 1971 video about the card-factory “Camoin & Cie.”, a few years before it permanently went out of business and closed.
(see video above)
Indeed, this is very far from the older cardmakers from the XVIIIth century, the only operations still made by hand being the sorting of the cards. The video focuses on the Tarots, although some spanish suit or asian cards can be seen too. The journalist concludes by celebrating Marseille as the capital of … belote ! 
As the reporter indicates, the card factory business may date back to 1760, but there was no “Camoin” then, as it was Conver and afterwards Levenq de Conver & Cie. Jean-Baptiste Camoin (1819-1886)  became associated to the said factory by his second mariage in 1863 to Marie Magdeleine Martin, who was herself a partner in the factory. Thierry Depaulis describes pretty well in “Cartes à Jouer et Tarots de Marseille” how J-B Camoin took ahold of the company, not long before becoming the only cardmaker in Marseille, by buying his competitors or crushing them through the industrialization of cards production.
TD also writes
“before Camoin arrived in the company, everything was made by hand, printing, smoothing, cutting, coloring”
So we can understand that the arrival of the Camoin name in cardmaking marks the definitive cessation of the master cardmakers tradition.
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Description de cartomancie en 1738

Dans les “Lettres Badines et Sérieuses…, Lettres sur la Hollande et les Hollandois” d’Antoine de la Barre de Beaumarchais, on trouve en 1738 une description assez précise d’une séance de consultation de cartomancie en Hollande :

non que l’auteur soit favorable, la page précédente condamnait tout autant les superstitieuses Dames qui se faisaient tromper par “des femmes sans éducation et sans esprit“.
On regrette évidemment que M. de la Barre de Beaumarchais ait omis de nous décrire les cartes utilisées dans cette pratique !

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de Molière et de la numérologie des tarots

Les références aux Tarots sont, on le sait, plutôt rares dans la littérature française avant la révolution, en particulier au XVIIe siècle, alors que le jeu était vraisemblablement largement produit à Paris et encore répandu au moins dans la première moitié du grand siècle.
Dans Le Tarot, histoire, iconographie, ésotérisme de Gérard Van Rijnberk (Paul Derain, Lyon, 1947), cite Molière page 237 :

le nombre de huit est le nombre de la justice,

Quoi ? Le fameux dramaturge ferait référence à nos chères cartes et cela aurait échappé au radar des diligents chercheurs qui s’affairent sur le sujet ? Que nenni ! Si G. Van Rijnberk rappelle la phrase de Molière ce n’est pas dans la partie historique de son traité, mais bien dans l’étude ésotérique : il s’agit donc du croisement des références symbolique, ici celle du nombre 8 et non de la carte du Tarot qui porte … le même numéro.

Reste que le lecteur peu versé dans la dramaturgie – à l’instar de votre serviteur – voudra sans doute vérifier par lui-même le contexte de cette troublante citation. Il la trouvera dans La Jalousie du Barbouillé, farce en un acte, précisément dans un passage tout de parodie aristotelo-pythagoricienne qui voit le personnage du Docteur énumérer les nombres de un à 10. La tirade qui nous concerne est in extenso :

7° Parce que le nombre de sept est le nombre de la félicité; et comme je possède une parfaite connaissance de tout ce qui peut rendre heureux, et que je le suis en effet par mes talents, je me sens obligé de dire de moi-même: O ter quatuorque beatum!8° Parce que le nombre de huit est le nombre de la justice, à cause de l’égalité qui se rencontre en lui, et que la justice et la prudence avec laquelle je mesure et pèse toutes mes actions me rendent huit fois docteur.9° parce qu’il y a neuf muses, et que je suis également chéri d’elles.10° parce que, comme on ne peut passer le nombre de dix sans faire une répétition des autres nombres, et qu’il est le nombre universel, aussi, aussi, quand on m’a trouvé, on a trouvé le docteur universel: je contiens en moi tous les autres docteurs. Ainsi tu vois par des raisons plausibles, vraies, démonstratives et convaincantes, que je suis une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, et dix fois docteur.

 Point de tarocs dans cette œuvre, sinon la concordance relevée par Rijnberk.


English version

Références to tarot are, as it is know, pretty scarce in french litterature before the revolution, specifically in the 17th century, while the game was probably quite popular and still produced in Paris, at least the first (big) half of the « grand siècle ».
In his book Le Tarot, histoire, iconographie, ésotérisme, Gérard Van Rijnberk (Paul Derain, Lyon, 1947), quotes Molière, page 237 :

le nombre de huit est le nombre de la justice, (number eight is the number of the justice)

What ? The famous dramaturgist would cite our dear cards and this would have passed under the searchers accurate radar ? Not at all ! If  G. Van Rijnberk quotes Molière’s sentence it is not in the historical part of his treatise, but in the esoteric study : so we’re dealing here with crossed references, here the numerologic value of 8 and not the trump bearing the same number, “JVSTICE”.

Still the ill-litterated reader – as I am – will want to check the context of this troubling quotation. He’ll find it in La Jalousie du Barbouillé, a farce in one act, precisely in a moment which parodise the aristotelo-pythagorician thoughts, where a Doctor enumerates number from 1 to 10. In extenso, the text is as follow (I’ll oblige my english speaking reader by not translating it, which would be an insult both to the author and to my reader) :

7° Parce que le nombre de sept est le nombre de la félicité; et comme je possède une parfaite connaissance de tout ce qui peut rendre heureux, et que je le suis en effet par mes talents, je me sens obligé de dire de moi-même: O ter quatuorque beatum!8° Parce que le nombre de huit est le nombre de la justice, à cause de l’égalité qui se rencontre en lui, et que la justice et la prudence avec laquelle je mesure et pèse toutes mes actions me rendent huit fois docteur.9° parce qu’il y a neuf muses, et que je suis également chéri d’elles.10° parce que, comme on ne peut passer le nombre de dix sans faire une répétition des autres nombres, et qu’il est le nombre universel, aussi, aussi, quand on m’a trouvé, on a trouvé le docteur universel: je contiens en moi tous les autres docteurs. Ainsi tu vois par des raisons plausibles, vraies, démonstratives et convaincantes, que je suis une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, et dix fois docteur.

 No tarot here, except the coincidence Rijnberk perspicacely noted.