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Parallèle iconographique Libro del juego de las suertes 1528, naipes & Tarots

En fouinant dans la version numérisé de quelque prestigieuse ibère bibliothèque (la Nacional de España), on peut tomber sur l’étonnant ouvrage de Lorenzo Spirito, “Libro del juego de las suertes“, c’est à dire la version espagnole de 1528 du Libro del Sorte ou Libro delle Sorti de Lorenzo Spirito Gualtieri, l’un des premiers Best-Sellers de l’histoire du livre (ce qui ne l’empêcha pas plus tard d’être mis à l’index).


Les chercheurs assidus du forum tarot history ont discuté récemment de la version originale dont la plus ancienne édition (conservée dans la bibliothèque de la ville d’Ulm) remonte à 1482. Je vous renvoie notamment aux discussions du forum Tarot History, mais surtout au catalogue en ligne de l’exposition La Règle du Jeu – bibliothèque Sainte Geneviève, qui en présente une version française et nous décrit et explique le principe d’utilisation de ce livre d’oracle :

Lorenzo Gualtieri, dit Lorenzo SpiritoLe Passetemps de la fortune des dez, ingenieusement compilé par maistre Laurens l’Esprit… – Paris : C. Sevestre, [1532 ?]. – In-4.
[4 V 805 inv 1833 Rés]
Le Libro delle sorti de Lorenzo Spirito (1482) est le plus célèbre des livres d’oracles. Son titre français, Le Passetemps de la fortune des dez, entend dès 1528 écarter tout soupçon de sorcellerie. On conserve jusqu’au XVIIe siècle quarante-deux éditions de ce petit ouvrage : la condamnation de ce ” mauldict livre” comme “peste tresdangereuse [sic]” dans la bouche de Pantagruel (1546) n’en aura donc pas entaché le succès. L’usage intensif qui en était fait explique le peu d’exemplaires qui nous soient parvenus. L’opuscule, à l’aide de trois dés et de parcours complexes au fil des pages, fait répondre de grands personnages bibliques tels David, Ezéchiel, Abraham ou Moïse à “vingt questions par plusieurs coustumièrement faites”: “Si l’amant est aimé de sa dame, si femme doit avoir fils ou fille, si on doit vaincre et gaigner en une guerre, si…”. Les questions sont réparties autour d’une roue de fortune ; au fil des jets de dés, vingt rois guident le questionneur dans les méandres de l’ouvrage, vers cinquante-six tercets servant de réponses.

L’édition espagnole dont on parle ici présente deux détails distinctifs qui en font un objet d’intérêt pour les amateurs de cartes et Tarot.
Premier détail, pas le plus passionant, par rapport à la roue de Fortune de la version italienne, la Fortune justement a disparu du centre de la roue, telle celle qu’on trouve dans nos Tarots – mais aussi ailleurs :

Deuxième détail, plus frappant, dans la représentation des Rois (quatre par page sur cinq pages) de l’édition espagnole. Ils n’y sont pas cadrés sur la taille – qu’on appellerait même aujourd’hui “plan américain” – comme dans l’édition italienne de 1482 :

plus ancienne édition du Libro delle Sorti de 1482
© stadt bibliothek Ulm

ni portrait cadrés en portraits sur le buste comme dans la version française de 1532 :
Le Passetemps de la fortune des dez,
ingenieusement compilé par maistre Laurens l’Esprit
de 1532
©Bibliothèque Sainte-Geneviève

mais en pied, sur leurs trônes, comme… dans les cartes et Tarots :


©Biblioteca Nacional de España

Autre parallèle étonnant avec nos Tarots : on retrouve dans les deux premiers groupes de quatre Rois deux jeunes glabres et deux plus âgés barbus. Le format des gravures et les postures ne manquent pas de nous rappeler les dessins d’anciennes cartes  et de nos Tarots, ce qui va tout à fait dans le sens d’une des trouvailles exposée par Charly Alverda dans Trois figures hiéroglyphiques : les liens entre imprimeurs et cartiers (cf. le passage sur les Plaisants Devis des seigneurs de la coquille).
Pour ce qui est des cartes on se rappelera par exemple d’Infirrera au motif dit “portugais” :

cartes d’Infirrera ©Andy Pollett
Et bien sûr dans deux grands classiques de nos Tarots, les Rois du Tarot de Jacques Viéville :
Tarot de Viéville circa 1650 ©BNF
et ceux du Tarot de Dodal :
Tarot de Jean Dodal, début XVIIe ©BNF
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L’Art de tirer les cartes de J.Méry et un certain “Tarot Italien” de Besançon fait à Paris

 “L’Art de tirer les cartes” est un de ces manuels de cartomancie de la  première moitié du XXe siècle. L’une de ses couvertures est reproduite ci-contre, une plus ancienne l’est ci-dessous.


Si son titre n’est pas d’une originalité fulgurante ( Almanach de la bonne aventure, contenant l’art de tirer les cartesAlmanach du présent et de l’avenir : les songes expliqués, suivis de l’art de tirer les cartes et de prédictions pour chaque mois par Cibilia, Almanach-manuel de l’art de tirer les cartes : ou révélations complètes sur les destinées…  par Johannès Trismégiste,  L’Art de tirer les cartes françaises, suivi de l’Explication du Livre de Thet, ou Jeu de la princesse Tarot… par Johannès Trismégiste encore,  L’Art de tirer les cartes, ou le Moyen de lire dans l’avenir par le rapprochement des évènemens qui démontrent sans réplique l’art chronomancique “Traduit d’un manuscrit arabe”, La Cartomancie ancienne et nouvelle, ou Traité complet de l’art de tirer les cartes égyptiennes ou françaises, tarots, etc.,… “recueilli et mis en ordre par Halbert (d’Angers)”, La Cartomancie complète ou l’Art de tirer les cartes  donnant la manière infaillible de connaître le passé, le présent et l’avenir,… d’après les plus célèbres nécromanciens(sic) tels que le Grand Etteila, terminé par les oracles d’une Sybille de la Chaussée d’Antin…, on trouve une trentaine d’occurences de l’expression dans le catalogue de la Bibliothèque Nationale pour les XVIIIe et XIXe siècles, beaucoup signées de ou faisant référence à Etteilla)  on peut lui reconnaître un choix plus synthétique que la plupart de ses collègues, le titre complet étant “L’art de tirer les cartes, méthodes modernes d’après les Maîtres de la cartomancie”. L’édition dont la couverture est ici présentée est daté de 1940, mais la première édition – comme en témoigne l’exemplaire (manquant) à la BNF – semble être de 1925.

la couverture d’une édition
de 1936 du même ouvrage, 
qui impose aussi une certaine
ambiance !

Quel est donc l’intérêt de cet ouvrage de J.Méry ? Ce n’est certes pas son exactitude historique : l’ouvrage démarre plutôt mal de ce côté là avec la phrase “Les Égyptiens ont inventé le Tarot pour prédire l’avenir “. Il enfonce le clou page 111 avec une transmission “jusqu’au XIIe siècle par les Templiers, et jusqu’au XVIIe siècle par les Rose-Croix“, cette dernière affirmation – contrairement aux précédentes – correspondant au moins à l’existence des cartes à jouer !

Ce n’est pas non plus le cœur du texte sur la cartomancie avec le jeu standard – 54, 36 et 32 cartes – ni sa rapide explication de différentes réussites qui sont du plus grand intérêt en ces pages ; notons en passant que ce dernier aspect – les réussites – est développé dans de nombreux ouvrages de cartomancie, mais qu’on trouve aussi dans beaucoup d’entre eux – par exemple dans “Les cartes et les Tarots méthode des Maîtres de la cartomancie” de Thylbus, Dangles, Paris, 1952 – des descriptions de tours d’illusionistes (disons le B-A-BA des tours d’illusionistes, comptage de cartes ou autres manipulations très faciles) ; Méry s’abstient de rentrer sur ce terrain de l’illusionisme.

Ce ne sont pas enfin les belles couvertures assez radicales qui ornent les différentes éditions du livre – les auteurs cartomanciens de nos jours font à la fois preuve de beaucoup moins de goûts avec leurs couleurs souvent criardes et de beaucoup moins d’audace en se contentant la plupart dutemps de reproduction de cartes.

Un point très intéressant par contre, c’est le Tarot que Méry présente comme ayant “conservé le plus fidèlement la tradition” est le Tarot Italien, qui serait le Tarot de prédilection pour les cartomanciennes à son époque (circa 1925 donc).

Autre particularité de Méry, c’est qu’il détaille toutes les cartes du Tarot avec leurs reproductions ; outre que cela nous permet de l’identifier avec certitude par de nombreux détails, on remarquera que Méry expose les 78 cartes du Tarot sans être entièrement coincé dans le carcan imposé par Etteilla – dont l’influence se fait néanmoins sentir – et en tentant une lecture symbolique – assez superficielle.
Ce Tarot Italien était l’appellation donné à un Tarot de Besançon basé sur le Tarot de Conver, avec Junon et Jupiter à la place de Pape et Papesse. C’est un Tarot que l’on doit à la maison parisienne Arnoult (1824-1864) (cf image ci-dessous), succédé par Maurin qui garde le nom pour être reprise par Lequart (1872-1891) et finalement rachetée par Grimaud. On peut trouver ces détails dans l’ouvrage deThierry Depaulis, Cartiers parisiens du XIXe siècle, Cymbalum Mundi, Paris, 1998, à consulter également pour l’explication de la création de la date “publicitaire” de 1748 conservée par Grimaud et sur laquelle on reviendra peut-être.
deux de deniers en similigravure dans l’ouvrage de Méry à gauche
et photographie de la carte d’Arnoult à droite
Tarot Italien par son nom commercial, mais bien Tarot de Besançon par son motif (comme d’habitude pour presque tout ce qui touche aux Tarots le nom est trompeur puisque le motif dit “de Besançon” vient d’Alsace – cf. une fois de plus T.Depaulis dans Tarots, jeu et magie, BNF, 1984).
Dans les classements des motifs de Tarots, les Tarots de Besançon relèvent plutôt du motif dit “Tarot deMarseille 1”, motif vraisemblablement plus ancien dont l’exemple type le plus connu est celui de Jean Dodal. Le motif dit “Tarot de Marseille 2” réputé plus tardif est incarné par l’exemple du Tarot de Conver. Dans le cas de notre Tarot Italien, à part les deux caractéristiques détaillées ci-dessous, on a un cas particulier (mais pas unique) de Tarot de Besançon avec un motif de “Tarot de Marseille 2” – logique puisqu’il s’agit vraisemblablement d’une copie du Tarot de Conver.
La principale caractéristique du Tarot de Besançon c’est bien sûr comme on le sait le remplacement de la figure de la Papesse (II dans la série des atouts) par Junon, où la “tradition ancestrale” évoquée par Méry en prend un coup puisque celle du Tarot de Besançon démarre au XVIIIe siècle :
et du Pape (V) relevé par Jupiter :
On sait que le Tarot dit “Ancien Tarot de Marseille” de Paul Marteau a été décliné du Tarot d’Arnoult, avec le rétablissement de la Papesse et du Pape (il existe je crois des exemplaires du Tarot d’Arnoult avec ces deux figures plus canoniques mais ma mémoire me faisant défaut au moment où j’écris ces lignes, je me garde d’être trop affirmatif et invite le lecteur à vérifier, et à me communiquer des références dans les commentaires). D’autres détails plus discrets ont été modifiés, ainsi dans la version de Paul Marteau, une certaine virilité a été rendue au Diable (XV) qui était très pudique dans le Tarot d’Arnoult :

À ce sujet on visitera avec intérêt le Musée de la carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux, où est exposé sous le numéro 38 une pierre lithographique du Tarot de Paul Marteau à côté d’un exemplaire du Tarot Italien d’Arnoult version Grimaud – référencé (par erreur je suppose) comme “Ancien Tarot de Marseille” sous le numéro 39. Détail amusant : le Pendu (XII) est à l’envers sur la pierre lithographique, contrairement à sa position normale (le nombre en haut) dans le moule original de Conver (voir ici par exemple).

Pour conclure ce trop long exposé du livre de J.Méry, une fois de plus on remarquera combien le Tarot peut être trompeur, et on pardonnera donc à Méry ses erreurs, lui qui pensait manipuler un Tarot Italien, quand il s’agissait d’un Tarot de Besançon, donc paradoxalement originellement alsacien, fabriqué à Paris.

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Ancienne référence à la cartomancie en Espagne

Sur le blog de Mary Greer se trouve une compilation assez bien tenue de références à l’utilisation de cartes dans la divination.
Si le sujet dépasse la tarotologie exclusivement, englobant toutes sortes de cartes à jouer, à deviner, à apprendre, aux enseignes françaises, allemandes ou espagnoles, l’usage cartomantique a forcément quelque rapport aux Tarots depuis Court de Gébelin. On se permettra donc d’ici en causer !

Ainsi que le signale R.Caldwell – qui publia quelques trouvailles extraordinaires sur ce même thème – l’Espagne est une source importante en quantité de références (rares toutefois) à la pratique cartomantique avant le 18e siècle.
On peut y trouver d’autres allusions pas encore énumérées par madame Greer, ainsi, dans “Figure du Jeu” de Jean-Pierre Etienvre (source de Ross Caldwell), ce dernier signale – outre les documents de l’inquisition – cet extrait de “El Lindo Don Diego” de Agustín Moreto (1618-1669) en 1654 :

Fui a echar los naipes
porque Don Diego te deje,
y, según las cartas salen,
o mentirá el rey de bastos,
o no ha de querer casarse
très approximative traduction :
Je suis allée demander aux cartes
pourquoi te quitterais-je, Don Diego,
et d’après les cartes sorties,
ou le roi de batons mentira,
ou on ne doit pas désirer se marier

exemple repris – en espagnol – dans “Márgenes Literarios del Juego” du même auteur en 1990, où il ne manque pas au passage d’égratigner cette pratique dans son incarnation contemporaine : “uno de los refugios más baratos de la angustia cotidiana” (l’un des refuges les plus bon marchés de l’angoisse quotidienne), “Es un juego triste, y una adivinación chapucera” (c’est un jeu triste et une divination baclée). Dans ce dernier ouvrage Jean-Pierre Etienvre signale également que l’usage cartomantique “semble avoir eu des adeptes déjà en 1480” (“cartomancia… que parece haber tenido adeptos ya en 1480”). La date étant proche de la référence proposée par Ross Caldwell (Fernando de la Torre vers 1450), cité plus haut, on peut supposer qu’il s’agit de la même occurence.

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Explaining the Tarot

Trois respectables historiens du Tarot se sont réunis pour commenter deux textes italiens du XVIe siècle. Thierry Depaulis, Ross Sinclair Caldwell et Marco Ponzi proposent chez Maproom Publications Explaining the Tarot

L’ouvrage réunit le “Discorso sopra l’ordine delle figure dei Tarocchi” de Francesco Piscina (1565) et un texte anonyme qui lui est contemporain, tous deux traduits en anglais.
“Explaining the Tarot” – que je n’ai pas encore eu l’heur de consulter – est proposé pour la somme très raisonnable de 7 livres britanniques.
Mise à jour : Michael J. Hurst a publié une critique fort détaillée accompagnées de quelques développements très intéressants.

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Éditions modernes du Tarot Parisien Anonyme

On sait peu de choses de ce magnifique Tarot qui nous arrive dans toute sa complétude au moins du XVIIe siècle, dont il pourrait bien être l’un des plus anciens exemplaires, et qui est sans doute le plus ancien Tarot complet encore conservé à ce jour. Classé par Thierry Depaulis(1) dans les Tarots de fantaisie, il présente une séquence des atouts tout ce qu’il y a de plus “canonique” par rapport aux Tarots dits de Marseille, et témoigne d’influences italiennes pour les légendes des cartes mais espagnoles pour la représentation des cartes numérales, influences partagées avec certains jeux du Oberdeutscher Stecher (le Maître de la Haute Allemagne) au XVe siècle.


Aujourd’hui, on peut – avec de la chance – en trouver un des deux fac-similés. Le premier a été édité par André Dimanche et fabriqué par Grimaud aux alentours de 1984, le second ensuite édité par Profutur et fabriqué par Carbonnel.

Voici un petit comparatif de ces deux éditions, qui permettront de les identifier facilement.
Premier point la boîte, dans l’illustration en début de cet article et dans les photographies qui suivent, à gauche la version Dimanche ornée de la carte “Le Monde”, à droite la version Profutur avec “Le Soleil”.

Comme on peut le voir en regardant simplement les boîtes, l’édition Profutur semble dérivée de l’édition Dimanche, avec moins de soin dans la mise en page, et en recouvrant par de gros pavé blanc l’ancien texte. Elle n’a pas non plus le liseret doré qui fait cartouche autour du texte de l’édition Dimanche.

La boîte de l’édition Profutur est légérement plus haute et large mais moins profonde que celle de l’édition Dimanche, on va voir pourquoi.

La taille des cartes de l’édition Profutur (toujours à droite) dépasse d’un peu moins d’1,5mm en hauteur celle des cartes de l’édition Dimanche (toujours à gauche). Le dessin des cartes lui même fait environ 1mm de plus en hauteur.
Les cartes Profutur présentent un vernis épais et très brillant qui a tendance à accrocher, alors que celui des cartes Dimanche est plus mat – et glisse mieux.
Un détail qui ne se voit pas en photo, c’est la qualité du carton, bien rigide et plus épais d’une couche au moins dans la version Dimanche, (trop) souple et plus fin dans la version Profutur.

La qualité des reproductions n’est pas la même non plus. On peut voir à droite que les images Profutur présentent beaucoup plus de grain, alors que dans la version Dimanche les aplats sont plus homogènes ; dans les deux cas on  peut discerner les coups de pinceaux ou de brosse de la coloration pour certaines couleurs. Comme dans d’autres fac-similés de cartes anciennes, ce sont les rouges vifs qui sont les plus vagues.

Quand on s’attarde sur les dos, on se demande pourquoi la version Profutur a fait ce choix d’un fond rosé imprimé de bleu quand la version Dimanche a un fond blanc cassé imprimé de gris. Les deux versions reprennent heureusement le motif d’origine (identique à celui qui orne également les dos des Tarots de Noblet, Viéville et Rolichon au moins).

En outre les dos de la version Profutur présentent des variations importantes de chromie d’une carte à l’autre.
Le livret est plus épais dans la version Dimanche et pour cause : il contient bien plus de pages avec un texte de Thierry Depaulis, la version Profutur ne gardant que la partie “cartomancie” du texte commune aux deux livrets.

Pour résumer et comme on l’aura compris, la version Dimanche est de bien meilleure qualité. Cela n’empêche que trouver l’une ou l’autre édition sera en tous les cas une aubaine pour l’amateur de Tarots ou le collectionneur de cartes.

(1) dans l’indispensable et incontournable Tarot, jeu et magie, Bibliothèque Nationale, 1984

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Nicolas Rolichon, Tarots de Lyon, 16xx ?

Nicolas Rolichon tarot after
Histoire des jeux de société
by Jean-Marie Lhôte, 1994

Spotted back in 1994 by Jean-Marie Lhôte in his Histoire des jeux de société, Nicolas Rolichon’s tarot will obviously interest tarot amators.


The image is commented as follow in Jean-Marie Lhôte‘s book (here translated):

Tarots by Nicolas Rolichon, Lyon, XVIIth century. This deck is only known through these 24 cards reproductions, published in the dictionnaire “Larousse mensuel” dictionary in july 1919. It belongs to the Tarot de Marseille pattern. It is of great interest since the first known examples of this pattern date only from the early XVIIIe siècle. (note : J.-M. Lhôte here excludes Noblet tarot from the “type 2” pattern as it had been described by Thierry Depaulis in the 1980s)

One can find online references to a Nicolas Rolichon in the city of Lyon at the end of the XVIth century and early XVIIth century on the IPCS website, but in that case this is a standard Dauphiné/Piedmont pattern cardmaker.

Thanks to scholars on the tarothistory forum, here are some lights about this discovery by Jean-Marie Lhôte and some experts opionions about it.

First and really important : Ross G. Caldwell found a reproduction from the Larousse mensuel july 1919(1) (here are the direct links to the 5 images : 1 2 3 4 5 ) and several references to cardmakers named “Nicolas Rolichon” or “Rolichon” in Lyon and around. He also inform us about a communication between Jean-Marie Lhôte and Thierry Depaulis : the original sadly seems to be completely lost, and the Larousse source is still unknown (update from march 2014 : T.Depaulis published recently a highly probable mention of this deck in his papers “tarot de Marseille facts and fallacies” in “The Playing Cards”) ; both researchers don’t think the Nicolas Rolichon from around 1600 can possibly be considered the author of this deck, the date being extremely early, and believe it to be from the late XVIIth century, at least post-1635 which would nonetheless make it one of the earliest “Tarots de Lyon using the so-called de Marseille pattern”.

Charly Alverda points out the presence of several reproductions of this deck in Le Tarot du point de croix, a stitching and cartomancy (!) book, although a few pictures are indeed present, they are alas in black and white and appear to be reproduction badly taken from the Larousse dictionary.

Huck Meyer also spotted several occurences of the Rolichon name associated to playing cards.

Robert Mealing found interesting corespondances between Nicolas Rolichon and Jean Dodal decks, and wonders which one of the two is really the earliest, noting that some details let him think Dodal is the oldest.

To be continued ?

update from march 2014 : there is more to read about this deck in Thierry Depaulis article mentionned above, “Tarot de Marseille facts and fallacies”, published in “The Playing-Card” volume 42 n°1 & 2, and (maybe, as I seem to remember but don’t have the book handy) in his recent book “Le Tarot révélé” publoshed at the occasion of the tarot exhibition in the Musée Suisse du Jeu.

notes:
(1) a paper by Henry Decharbogne

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Tchalaï

Les livres circulent, c’est heureux, et parfois on rencontre un peu plus que ce qu’on attend. Ainsi empruntant Le Tarot, jeu du gouvernement du Monde de Tchalaï Unger que je m’étais promis de lire depuis un moment, je tombai sur cette dédicace perdue et inattendue dans un rayon de bibliothèque publique.
Pour ceux qui ne connaitraient pas l’inévitable Tchalaï Unger, Laurent-Edouard l’évoque dans ces deux articles, les autres auront reconnu le nom de l’auteur du livret qui à partir de 1980 accompagnait l’ Ancien Tarot de Marseille de Grimaud, intitulé Le Tarot, pourquoi, comment, jusqu’où ?
La vue de la signature de Tchalaï rappellera, je l’espère, d’heureux souvenirs à ceux qui l’ont cotoyée et connue.

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jeux de tarots dans Tarocchi

Tarocchino.com propose Tarocchi, introducing card games for Tarot, un document intéressant qui rassemble des règles locales du jeu de Tarot. Le document – pas exhaustif mais assez long pour valoir le coup d’œil – est accessible gratuitement en ligne, mais également disponible au téléchargement en pdf, ou encore à l’achat (prix d’impression) chez Amazon ou Lulu (ou lulu).
(via Robert Mealing @ tarot-history, merci !)

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Quelques notes de recherches

En vrac pour mémoire :

Académie universelle des jeux 1842 Tarot

une critique de cartomancie avec les tarots à Paris en 1800  dans Le Nouveau Paris de Louis-Sébastien Mercier

et plus dans la suite (mise à jour : avec mes excuses aux lecteurs car certaines images de google ne renvoient plus aux bonnes pages ou aux bons ouvrages, et certains textes illustrés peuvent être devenus sans rapport avec le sujet initial, on devrait néanmoins retrouver les références, j’essaierai de corriger les erreurs qui apparaitraient)

Edit de création d’un droit de perception sur les cartes, tarots et dés 22 mai 1583

Mémoires de Michel de Marolles, second dessein pour le ballet des armoiries où se trouve compris celui des cartes & des tarots , neuvième discours du ballet où sont évoqués seulement les trois bouts parmis les triomphes.

 
(…)
 

Encyclopédie méthodique Arts et métiers mécaniques les enseignes et le dos taroté sont précisées, mais étonnamment les atouts ne sont pas évoqués. Les Tarots est oublié à Paris en 1782 ? À voir car un dictionnaire circa 1690 donne la même définition simplifiée.

Dans le Manuel Lexique ou dictionnaire portatif des mots françois, en 1767, l’abbé Prévost s’étonne de la taille importante des cartes.

Dans Les Recherches des recherches et autres œuvres de Me Etienne Pasquier de1622, on note cette remarque sur le jeu des Tarots qui représente une République mieux que les Echecs ne représentent la cour d’un Roy : 

et aussi
 En 1743 dans “Amusemens de la chasse et de la pêche” une utilisation inattendue (on retrouve le texte dès 1719)
On peut s’étonner dans ce lexique franco espagnol de 1625, que ce soit en langue espagnole qu’on utilise les enseignes françaises, et dans la traduction française qu’on utilise les enseignes latines du Tarot :
 
 Le tarot est cité parmi d’autres amusements dans Le Page Disgracié de François Tristan Lhermite en 1667:

En 1606 dans la traduction française de Histoire Maccaronique de Merlin Coccaie, prototipe de Rablais  de Teofilo Folengo (voir à ce sujet ce message sur Tarot History), on ne s’étonnera pas de trouver :

En 1655 dans le Trésor de recherches et antiquitez gauloises et françoises de Pierre Borel une orthographe peu courante, Tharauts  :

Basilicon Doron, ou présent royal de Iacques, roi d’angleterre, Escoce et irlande : instruction au prince Henri son fils pour bien régner, traduction française de 1605 par le sieur de Villiers Hotman, les tarots sont conseillés à l’héritier.

1672 : le Faut-Mourir et les excuses inutiles qu’on apporte à cette nécessité par Jacques Jacques (sic), la Mort ne joue pas aux Tarots :

1782 : Mélanges tirés d’une grande bibliothèque, de la lecture des livres françois, Tome XXI, sur la communauté des cartiers, leur travail, Rabelais et le saint patron de ladîte communauté.
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Sol Fama

Voici une note en passant pour se distraire sans aucune prétention, surtout pas historique !
Sans prouver ou contredire que Fama est là pour Renommée,l’extrait “hors-sujet” et hors-contexte d’un texte de Matteo Boiardo (tarologiquement connu et cité pour un autre texte) offre une proposition de sens (de lecture) pour l’étendard de la carte XIIII de Viéville :

Dopo la morte sol fama n’ avanza, 
E veramente son color tapini, 
Che d’ aggrandirla sempre non han cura, 
Perché sua vita poco tempo dura.

Orlando Innamorato,  Matteo Maria Boiardo

Certains veulent y lire “fama sol” comme dans les tarots flamands, pourtant le texte en miroir est bien “sol fama” dans cet ordre, comme dans l’Orlando Innamorato de Boiardo. Ce qui n’implique pas forcément qu’on doive identifier cette XIIII à la renommée. Ce qui n’implique pas non plus qu’on ne puisse pas la lire dans l’autre sens. Ce qui n’interdit pas non plus toutes les interprétations des mots “sol fama” qu’on peut donner. Néanmoins, ce bout de phrase “après la mort, sol fama” résonne fort agréablement avec la carte XIIII du tarot de Jacques Viéville, précédée qu’elle est par la XIII.

Elle résonne évidemment aussi avec les Triomphes de Pétrarques, influence notoire de Boiardo, triomphe de la Renommée sur la Mort:


Da poi che Morte triunfò nel volto
che di me stesso triunfar solea,
e fu del nostro mondo il suo sol tolto,
partissi quella dispietata e rea,
pallida in vista, orribile e superba
che ‘l lume di beltate spento avea:
quando, mirando intorno su per l’erba,
vidi da l’altra parte giugner quella
che trae l’uom del sepolcro e ‘n vita il serba.

Après que la Mort eut triomphé
de celle qui d’ordinaire triomphait de moi,
et que notre monde eut été privé de son soleil,
Cette impitoyable et mauvaise partit,
la pâleur empreinte sur son visage, horrible,
glorieuse d’avoir éteint le flambeau de beauté.
Soudain, regardant autour de moi parmi les herbes,
je vis venir du côté opposé celle qui tire l’homme
du tombeau, et le fait revivre.