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au hasard de livres d’emblèmes

La Lune…

dans sa version du Tarot par Dodal (image de Wikipedia)

signalée par Pen sur tarot-history :
Comme la plaine Lune, esclairante le Monde,
Mesprise ce mastin qui en vain iappe & gronde
Ainsi soit mesprise tout sot qui sans cesser
Christ ou ses serviteurs ose bien harasser. 

ci-dessus donc avec un chien (Mastin)
et puis là avec une écrevisse :

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Autour du bateleur

Un post sur Tradition Tarot par Luca relève une définition du mot bateleur : en 1489 d’après le Dictionnaire Godefroy de l’ancien français c’est un sonneur de cloche que désigne bateleur ou batteleur. C’est aussi un batelier.
Excellent ressource où l’on pourra vérifier entre autres le mot atrempance ou atemprance pour tempérance mais aussi tempérament.

Ceci inspira une idée amusante à appliquer sur Google Books , en fouillant les références anciennes au mot bateleur. Voici ce qu’on y peut trouver pêle-mêle à l’occasion d’un survol loin d’être exhaustif qui ne remonte pas plus tôt que le XVIIe siècle, où il est question de minchiate, de dictionnaires, de latin, d’espagnol et d’allemand,du fou et du bateleur, et d’une sorte de singe, à lire en cliquant ci-dessous.


En 1766 chez Joseph Jérôme le Français de Lalande une description du Minchiate et de ses 97 cartes, avec les noms de quelques trionfi (“objets bizarres“) pages 38 et 39 – “inventé par Michel Ange“. Jérôme y identifie le pape, qui serait le portrait d’Innocent X, alors que le Minchiate est habituellement dépourvu de pape (même si les cinq premières cartes sont appellées papi) et il donne aux autres triomphes les noms de ceux du tarot de Marseille – quand les cartes de Minchiati ne portent habituellement pas de nom. On y trouve également mention du mot “versicule” à rapprocher peut-être du “brizigole” (Si quelqu’vn a les quatre hautes ou les quatre basses de triomphes, ce qui s’appelle Brizigole) qu’on trouve dans la règle de 1655. Extrait :

II y a quatre-vingt-dixsept cartes, grandes & épaisses du double des nôtres ; savoir cinquante-six des quatre couleurs ordinaires : car les Italiens ont quatre figures , au lieu que nous n’en avons que trois. Plus , quarante figures singulières numérotées , & le fou ou matto , qui tient lieu du zéro, en augmentant la valeur des autres. Ces figures portent le nom des étoiles, du soleil, de la lune , du pape , du diable , de la mort, du pendu, du bateleur , de la trompette , du jugement dernier, & autres objets bizarres. Les unes ont une valeur intrinsèque , qui varie entr’elles , d’autres n’en ont point; mais le numéro supérieur , qui ne vaut rien , ne laisse pas de couper l’inférieur, qui vaut des points. Le tout consiste à avoir dans son jeu au moins trois numéros de suite, ayant une valeur qui se puisse compter d’entrée en tierces ou, comme ils l’appellent, en versicules ;

Le Nouveau dictionnaire François-Latin-Allemand en 1744 donne à Bateleur les définitions suivantes :

Au hasard de lectures de pages sans autres relations apparentes que ce mot de bateleur, on accrochera parfois à des petites phrases qui à la lumière des associations du Tarot prennent un sens particulier (in De l’art de Parler, Bernard Lamy, 1676):

Comment distingue-t’on un bateleur qui fait le fou d’avec un fou véritable ? N’est-ce pas parce que l’on voit que ce bateleur ne joüe ce personnage que pour un peu de temps , & qu’un fou est toujours fou ?

images du tarot de Jean Noblet © J-C.Flornoy

En continuant dans les dictionnaires,Le Dictionnaire Royal 1691 donne à Bateleur :

joueur de farces, Charlatan, joueur de passe-passe, mais aussi bateleur exprimant les choses par les gestes, mime, funambule (qui danse sur la corde).

À peu près la même chose, mais rien qui se rapproche du terme qu’on trouve dans les tarots (bagat). Un oubli sans doute puisqu’on le trouve à bagatelliere dans le Thresor des trois langues, espagnole, françoise et italienne de 1644 :

Voilà pour ces élucubrations sur les recherches internet, au hasard desquelles votre serviteur tomba sur cette définition instructive :

un bertran, sorte de singe
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Francesco Piscina Discorso 1565

discours de Francesco Piscina sur l’ordre des figures du tarot
signalé sur Tarot History http://forum.tarothistory.com/viewtopic.php?f=8&t=362
Il s’agit d’une traduction en anglais du texte italien original par “Marco” corrigé par Ross G.R. Caldwell.
En voici un bref survol en français maladroitement traduit ou résumé suivant les passages (le texte est à la première personne, les passages entre guillemets sont des traductions) dans la suite.

http://www.tarotpedia.com/wiki/Piscina_Discorso_1

“discours requis par les illustres seineurs Daniele Malabaila et Francesco Belli, et d’autres de mes amis ou maîtres”. MDLXV.

http://www.tarotpedia.com/wiki/Piscina_Discorso_2
L’idée que le Mat/fou serait le premier viendrait d’une mauvaise compréhension des gens du peuple, qui feraient du tarot une analogie avec le théatre et la comédie où le fou apparait le premier pour raconter des farces. Deux explications “plus correctes” :
– il pourrait signifier le début puéril et la fin sénile de la vie humaine (enfance et vieillesse) dépourvues de sagesse.
– “ce qui pourrait être pris pour une plaisanterie” , explication qui serait issu d’une comédie d'”Intronati”, de l’académie de Sienne, sur l’aubere du Mirroir et l’auberge du Fou (à noter le regard du fou sensé être tourné vers un miroir (associé à fama)).
Le fou dans le jeu Brezicole peut remplacer le roi ou la reine.

Le bagat/bateleur “vêtu en aubergiste” lisible pour les voyageurs comme les signes des lys, aigles, faucons, couronnes et rois, qui “dans toues les bonnes et célèbres villes désignent [la bonne hôtellerie]”.

    http://www.tarotpedia.com/wiki/Piscina_Discorso_3
    Les Empereurs et les Papes suivent, “représentant les grands Princes” “qui prennent grand plaisir des bouffons … pour se rafraichir l’esprit”. Dans le jeu l’empereur peut parfois l’emporter sur le pape “ainsi qu’il arrivat au béni Clement VII … dont l’honneur a été offensé par … les soldats barbares … de l’auguste et invaincu empereur Charle V”.
    Ensuite vient la représentation de “Cupidon” pour l’Amour, lisible de deux manières :
    l’amour veut dire la folie, il fait perdre la raison aux hommes en particulier à ceux qui s’emploient aux loisirs et aux plaisirs, donc les Princes.
    Ou bien l’inventeur les a placé là pour représenter l’affection et la passion, et ainsi la Justice suit si immédiatement après les Princes parcequ’il leur appartient d’administrer et d’appliquer la Justice, et que la Justice l’emporte sur la passion et ne doit pas être gouvernée par elle. L’amour est ici représenté dans la forme vulgaire qui prive de jugement, moins digne que la Justice.
    Cupidon serait la représentation de l’amour vulaire qui est d’après les platoniciens un désir sans limité d’obtenir quelque chose d’aimé.
    Après la Justice, nous trouvons le Chariot triomphant dans le huitième numéro, il est suivi dans le neuvième la Force, et dans le dixième la Fortune. Ces trois portraits “dans le plus bel ordre font référence aux Papes, Empereurs et Princes”. Aux princes la Force. La Force est nécessaire à la  Justice trop faible par elle-même.

    http://www.tarotpedia.com/wiki/Piscina_Discorso_4
    Dans la dixième place la Fortune : “l’auteur voulait dire que bien que Papes et Empereurs soient grands, forts et puissants, leurs honneurs, triomphes, pouvoirs et grandeurs et toutes ces choses terrestres et tous biens temporels sont sujets à l’insolence de la Fortune” (suit citation Arioste) Et c’est pourquoi la Fortune est ici placée car elle domine et gouverne tout ce qui précède.
     la Justice (terrestre) est soumise à la Fortune parcequ’elle est aussi une chose transitoire et périssable.
    Ensuite vient le Vieil Homme Bossu(l’ermite) chargé de pensées et de soucis qui gagne et surpasse la Fortune.
    Il représente un conseil prudent, il ne vante pas la prospérité mais ne fait pas désespérer dans l’adversité.
    “Un homme prudent et sae l’emporte sur le Sort et la Destinée, car en lui est quelque chose qui est plus qu’humain, ainsi il l’emporte aussi sur la Fortune, qui est terrestre et considéré comme presque rien par le prudent. Le vieil homme représente a conseil bien pesé et un jugement excellent”.

    Le vieil homme est suivi par Le Pendu , qui en est arrivé là parcequ’il a ignoré les bons conseils. L’inventeur (du tarot) l’a placé là pour représenter un malhonnête faux vicieux et pestiféré (sic). Un homme complètement dépourvu de quelque vertue qui s’est pendu lui même est aussi désespéré qu’un homme dépourvu de conseil. “celà montre la fin terrible de ceux qui dénigrent les avis prudents, et donc les vertues : ces ens sont haïs par tous et quand ils meurent ils perdent toute renommée, leur nim, comme si ils n’étaient jamais nés.

    Suit la Mort “le démon extrême”. La mort est aussi placée là pour signifier que ceux dont on a discuté plus haut sont soumis à(victime de) la Mort (papes, empereurs, triomphes, forces, vices et tous les autres).
    Celà est vérifié parcequ’après la mort à la treizième place, ne suit rien sur quoi elle ait une quelconque emprise.

    http://www.tarotpedia.com/wiki/Piscina_Discorso_5
    La Tempérance suit.
    Une très belle vertue qui nous modère dans les plaisirs du corps, qui ne craint pas la Mort, ni l’inconstance de la Fortune, au contraire elle rend les hommes immortels, les sort de la tombe et leur assure une longue vie immortelle. Comme l’auteur a assez discuté des choses mortelles, il avance vers des sujets plus valables, célestes. Comme la nature ne permet pas de chanements trop rapide ni de passer d’un extrême à l’autre, avant de monter dans les sujets célestes à la toute fin des choses terrestres il place les Démons – fils “des dieux” mais ni terrestres ni célestes.Pour les platoniciens les démons sont des esprits dans l’air entre les dieux et les hommes.
    Après les démons vient le Feu, comme intermédiaire entre les Étoiles célestes et les choses du monde.
    Pour les philosophes et les naturalistes il est l’élément entre la Lune, le Soleil et toute autre étoile.
    L’inventeur place alors toutes les choses de la nuit, les étoiles et la lune, vaincues et surpassées par le Soleil.
    L’inventeur voulait ici conclure, de façon très chrétienne, il place en dernier l’image du paradis céleste, un ange chantant et jouant, réjouit les esprits bénis qui méritent la joie éternelle.
    Il (l’auteur) a considéré bien que tout incomparable immense et infini que soit Dieu, il est néanmoins nécessaire de bien agir pour gagner la gloire du paradis, ainsi que les évangélistes l’ont enseigné. Ainsi devant l’image du paradis, il a placé le portrait des quatre évangélistes par leurs symboles, L’ange, le Bœuf, l’Aigle et le Lion, qui représentent les célèbres et saint piliers de la foi en JC. Ainsi on se libère des mains du Diable dont le seul désir est de nous dévorer. l’auteur a placé l’image du monde au milieu des quatre saints evangélistes pour nous enseigner que le monde ne peut être sans religion.

    http://www.tarotpedia.com/wiki/Piscina_Discorso_6
    Notre objectif a été de seulement discuter l’ordre des fiures du Tarot.
    Nous ne voulons cependant pas omettre de discuter le reste des cartes du jeu. Toutes ces choses relèvent du même sujet car l’inventeur a placé ces quatres qualités des choses, Coupes, Pièces(Deniers), Épées et Batons, pour signifier les quatre saisons de l’année, ou les quatre âges de l’homme,  
    Elles représentes les diversités des conditions de la vie humaine, c’est à dire la guerre et la paix. Les batons représentes les anciennes guerres, pour lesquelles ils étaient utilisés, pour les guerres mais aussi les conflits privés – ainsi Cain tua son frère Abel avec un grand baton.
    Avec l’épée il représente les guerres et batailles modernes.
    Avec les coupes et les deniers, l’inventeur très moral a représenté les situations paisibles. Les coupes représentent le vin qui rend heureux les hommes et éloigne leurs cœurs des pensées mélancholiques. Comme en temps de paix presque tout le monde vit avec aisance, les deniers ont été ajoutés pour représenter la satisfaction ; avec eux on peut réaliser tous nos désirs.
    Mais comme on ne se satisfait pas de cette explication, on voudra en ajouter une autre, qui n’est pas moins morale et qui confirme presque la précédente : l’inventeur avertit les Princes que dans les guerres que représentent les batons et les épées, nous ne voulons pas toujours utiliser l’épée, mais souvent les batons, qui sont un châtiment moins lourd que les épées. Mais quand d’arrogants ennemis deviennent trop insolent et fiers en raison de la magnanimité de leurs maîtres et Princes, alors il est temps d’utiliser les épées, pour punir de mort leur témérité et leurs crimes.  Mais comme nous faisons tout pour un but, et comme le but des guerres est la paix et la tranquilité, afin que les hommes vivent heureux et contentés, notre très prudent Auteur a ajouté les coupes et les deniers, qui, comme je l’ai dit, rendent les hommes heureux et contentés. Pourquoi ce nombre de quatre et pas un autre ? parcequ’il est plus parfait que tous les autres. Parmis tous, et en particulier les modernes, celà a été expliqué par Ficino dans sa discussion sur le Timaeus de Platon des chapitres XX à XIV.

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    références vers quelques ressources en ligne…

    Sermones de Ludo Cum Aliis c/ 1470 (?) en anglais sur tarotpedia en latin sur tarock.info
    Marolles par T.Depaulis (1637 ou 1655 ?) dans le fascicule qui accompagne l’édition fac similé du tarot de Jacques Viéville, Le Héron 1984 – et également sur tarock.info
    le plaisant iev de cartes de tarot sur tarock.info 1659
    court de gébelin sur tarock.info  sur google books 1781
    Wikipédia : Tarot de Marseille Tarot Cartomancie